Ces outils permettent à tous les acteurs de la communauté éducative de partager des informations.
Les enseignants avec les élèves et leurs parents, les collectivités locales avec les parents et même d’élève à élève, voire avec des correspondants distants.
Soyons honnêtes, si les collectivités ont mis les moyens sur ces outils, ces derniers n’ont pas toujours été investis totalement notamment par les enseignants et les parents.
Certaines équipes de professeurs très motivées ont axé une grande partie des activités de leurs classes autour de ces outils. Certains se sont un peu découragés de voir que les parents consultaient très peu ce qui avait été réalisé par et pour leurs enfants dans ce cadre.
D’un autre côté, les parents de bonne volonté finissent aussi par se décourager quand ils se connectent plusieurs fois sans voir aucune nouvelle information sur l’ENT.
Bien sûr, ces ratés ne doivent pas masquer l’intérêt de l’outil et tous les établissements scolaires qui en tirent d’énormes profits.
Les ENT et l’apprentissage durant la crise du Coronavirus
La crise sanitaire a éloigné les élèves de leurs classes pour plusieurs semaines. Pour assurer la continuité pédagogique, les enseignants ont rivalisé d’imagination pour essayer de garder le contact.
Les ENT se sont révélés très utiles dans cet usage. Pour les classes habituées, les élèves ont retrouvé les cours et partagé leurs travaux avec l’enseignant comme ils en avaient l’habitude, mais à plus grande échelle.
Ce qui est plus intéressant à noter, c’est ce qui s’est passé dans les classes où l’ENT était moins, voire pas pratiqué.
Le premier réflexe a été le téléphone, secondé par le courriel.
La gestion des élèves, la disponibilité de ces derniers pour répondre au téléphone et le temps que cela prenait ont motivé les enseignants à utiliser d’autres méthodes.
Pour diffuser les leçons et les exercices à faire, il s’est avéré assez simple d’utiliser l’ENT quand il était disponible. C’est logique, puisqu’il a été conçu pour cela.
L’enseignant avec ces outils peut en général envoyer à tous ses élèves ou à des groupes sélectionnés les documents qui les concernent.
Les professeurs des classes à niveaux multiples ou les professeurs du secondaire devaient pouvoir envoyer des documents ciblés aux bons élèves. Même ceux qui avaient des classes à seul niveau pouvaient avoir besoin de différencier leurs envois selon les réussites de leurs différents élèves.
L’ENT a donc permis une bonne différenciation des activités. Il a aussi facilité le travail de l’enseignant en lui offrant une vue d’ensemble sur les travaux des élèves et en permettant une communication et un soutien ciblés.
La réalisation et partage des cours via l’ENT
Certains enseignants ont envoyé à leurs élèves les cours à suivre, leur indiquant la page de leur manuel à étudier et dans certains cas en leur envoyant des documents complémentaires, par exemple une vidéo ou un document écrit qu’ils avaient élaboré.
Beaucoup d’entre eux ont l’habitude de réaliser leurs propres supports de cours bien qu’une partie d’entre eux était hostile à leur diffusion via l’ENT, car ils craignaient que leur travail soit « piraté » par leur inspecteur ou des collègues.
Cependant pendant la crise, leur intérêt pour les élèves leur a fait oublier ces craintes.
Certains ont profité des abonnements offerts par leur ENT ou d’autres plateformes comme le CNED pour conseiller des activités à effectuer en ligne pour leurs élèves.
Les plus motivés ont réalisé des vidéos. Ceux qui pratiquent la classe inversée sont généralement très avancés dans ce domaine quand ils réalisent eux-mêmes les capsules vidéo.
Mais on a vu d’autres façons de procéder. Par exemple, des enseignants qui avaient des élèves de personnels soignants se sont enregistrés en train de faire cours et ont ensuite partagé le résultat avec les camarades restés à domicile.
Certains enseignants lorsque c’était possible ont bénéficié de leur écran ou tableau blanc interactif. En effet, ces matériels sont équipés de logiciels et fonctionnalités leur permettant de réaliser une vidéo de ce qui est réalisé à l’écran et de garder une trace de tout ce qui a été réalisé sur l’écran. On remarquera que de nombreux enseignants qui avaient accès à un écran interactif dans leur classe s’en sont servi en se rendant sur leur lieu de travail alors même qu’ils n’avaient pas d’élèves à gérer.
D’autres ont réalisé leurs éléments depuis leur domicile, organisant un mini studio à l’aide d’une webcam.
L’utilisation des cours par les élèves depuis l’ENT
De l’autre côté, les élèves récupéraient sur l’ENT les documents écrits ou vidéos réalisés par les enseignants.
Ils ont souvent apprécié cette façon de travailler, car l’ENT leur permettait de travailler de façon désynchronisée.
Même si la chronobiologie conseille d’utiliser la matinée pour des activités intellectuelles, nombre d’élèves ont préféré privilégier des grasses matinées ou pour le moins ne se sont pas rués dès potron-minet sur les activités scolaires…
Cette différentiation temporelle a souvent été bénéfique pour les élèves ayant besoin d’un peu plus de temps. Hors du regard de leurs camarades, ils sont moins traumatisés par la peur du jugement qui bloque une partie de leurs moyens.
Des enseignants ont toutefois ménagé des temps de direct, par exemple avec Zoom qui a connu un important essor d’utilisation pendant la crise ou d’autres outils comme Google Hangout qui étaient plus familiers auparavant.
Cependant, les temps de direct ont eu un succès mitigé. Soit les élèves avaient des difficultés à se connecter par manque d’équipement ou de qualité de liaison, soit ils étaient accaparés par d’autres activités, pas forcément scolaires…
Quelles conclusions tirer de cette expérience ?
Un pourcentage non négligeable des enseignants a pris en considération l’intérêt de l’ENT dans leur pratique. On peut donc espérer qu’à la rentrée prochaine, les habitudes de travail vont bénéficier de cette expérience.
Les élèves les moins motivés par l’école en général, sont en grande partie ceux qui n’ont pas tiré tous les bénéfices des moyens mis en œuvre. En effet, ceux-ci cumulent souvent plusieurs handicaps. Leurs propres difficultés, le manque de soutien de leur famille qui n’a pas toujours l’intérêt ou les capacités pour aider efficacement, ou pour des conditions matérielles trop sommaires. C’est pour cela que les enfants en difficulté ont été encouragés à intégrer les premiers les classes. Même avec un effectif réduit, tous n’ont pas considéré cela comme une chance alors que leurs camarades restaient dans le confort douillet de leur maison.
La rentrée 2020 sera intéressante à considérer pour constater si le renforcement des usages des ENT et autres dispositifs à distance vont continuer à être utilisés alors que le présentiel sera redevenu la situation pédagogique normale.
C’est fort probable, car les enseignants, mais aussi les parents ont pu mieux cerner le potentiel de ces outils. Malgré la diversité, les élèves ont aussi tiré bénéfice de leur emploi.
Pour les élèves les plus en difficulté, il conviendra cependant d’améliorer encore le dispositif. Le retour des enseignants dans les établissements sera l’occasion de partager leurs expériences et de mutualiser leurs efforts.
Par exemple, des capsules vidéo peuvent être partagées, des groupes virtuels d’élèves peuvent être constitués, c’est-à-dire que plusieurs enseignants peuvent se regrouper pour proposer des activités à distance à des élèves de différentes classes rencontrant les mêmes besoins pédagogiques. Ce serait une sorte de décloisonnement virtuel.
Laissons la parole à l’imagination des enseignants qui exploiteront les nouveaux horizons éclaircis par la période que nous venons de vivre.
Témoignage de Monsieur Bernard-Yves Cochain, consultant en enseignement
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