Témoignage : Fabrice, 41 ans, professeur de mathématiques et utilisateur du TBI

Pour mieux représenter la diversité d’usages du TBI, TableauxInteractifs souhaite donner régulièrement la parole à des enseignants qui l’utilisent. Fabrice Huin, professeur de mathématiques à l’Athénée Royal de La Louvière (Belgique) et créateur du site MathTBI.be, a gentiment accepté d’inaugurer cette série de témoignages.

Fabrice Huin

Fabrice Huin enseigne à des élèves de 1re et 2e année secondaire (l’équivalent des 5e et 4e en France). Il a débuté sa carrière en 1993 dans l’Enseignement Technique et Professionnel. En 1996, il a l’opportunité de travailler dans l’Enseignement de Promotion Sociale. Il donne alors des cours du soir à de futurs techniciens en informatique et à des adultes en programme de réinsertion par le travail. En 2000, il arrive à l’Athénée Royal de La Louvière pour y enseigner les mathématiques, sa formation de base.

Fabrice Huin utilise un TBI depuis 2008. Il a utilisé un eBeam Projection durant deux ans et a depuis septembre un eBeam Edge à sa disposition. Il a également déjà testé un Promethean et un Smart.

 

Comment est arrivé le TBI dans votre vie d’enseignant ?

« J’ai découvert les TBI il y a bientôt dix ans dans un salon. Ceux-ci étaient alors très onéreux et j’ai perdu le système de vue.

Il y a trois ans, notre chef d’établissement de l’époque a organisé une séance d’information par l’intermédiaire de la société Defilangues (société qui organise des stages de langues et vend du matériel didactique dont des TBI eBeam, Smart ou Promethean). A la fin de la séance, il a proposé à l’assemblée d’en acheter. Seuls deux enseignants en firent la demande… Deux professeurs de mathématiques, dont moi !!! Trois mois plus tard, il était installé dans ma classe. »

 

Quelles difficultés avez-vous rencontré pour prendre en main et utiliser votre TBI ?

« Je dois avouer n’en avoir rencontré aucune. Pour avoir utilisé des tableaux Smart, Promethean et eBeam, je pense que l’eBeam est le plus simple à prendre en main. Ma fille de 6 ans l’a utilisé sans problème dès la première fois, les icônes utilisées sur la « roue » du logiciel eBeam Interact sont très simples.

Ceci dit, je ne l’exploite pas encore comme je le voudrais… Le TBI nécessite de repenser sa manière de travailler pour en profiter pleinement. »

 

Qu’est-ce que le TBI a apporté à votre pratique pédagogique ?

« Voici les apports que je retiendrais du tableau blanc interactif :

  1. Un attrait non négligeable des élèves : vous utilisez une technique innovante, ils aiment, cela les motive.
  2. Un gain de temps : je ne recopie que rarement les énoncés du manuel et les élèves travaillent les corrections directement au TBI. Ce temps, je peux le consacrer aux élèves en difficulté.
  3. La possibilité de mettre le cours annoté (et toutes les animations) à disposition des élèves via un site Internet : les absents sont en ordre, les élèves peuvent corriger leurs notes (et, chose incroyable, ils le font).
  4. La possibilité de discuter du travail réalisé à domicile ou en classe par un élève, d’envisager toutes les hypothèses et d’en garder une trace.
  5. Préparer à l’utilisation d’un logiciel, du CD-Rom, d’un site Internet, avant de se rendre au laboratoire d’informatique.
  6. Revenir sur une notion vue antérieurement en utilisant les tableaux réalisés à l’époque !

En voici quelques-unes, j’en énumère d’autres sur mon site et suis certain de trouver d’autres bonnes idées chez mes collègues… 😉 »

 

Comment a-t-il fait évoluer votre manière de faire cours ?

« En ce qui concerne l’évolution de ma méthode d’enseignement, je crois jouer beaucoup plus sur l’interactivité… C’est essentiel.

Le sommet de cette évolution ? Un travail de résolution de problème en groupe, au labo d’informatique, les élèves y préparent la synthèse de ce travail sur le logiciel dédié et la présente devant la classe sur le TBI, éventuellement en utilisant Thot ou GeoGebra. »

 

Voyez-vous des inconvénients au TBI ? Des freins qui rendent plus difficile son utilisation ?

« Voici les quelques inconvénients que je retiendrais :

  • Il y a un travail préparatoire important : scanner les documents, préparer les animations, etc. Mais ce travail me permet maintenant d’en gagner au quotidien grâce à l’expérience acquise.
  • Je reprochais à l’eBeam projection un manque de précision lors de la construction aux instruments classiques par rapport à ce que j’avais pu voir chez la concurrence. L’eBeam edge a remédié à ce problème.
  • Le coût par rapport à un tableau classique est important.
  • J’ai rapidement souffert d’addiction au TBI !!!
  • Les logiciels eBeam ne proposent pas de compas virtuel (Smart et Promethean bien), je l’ai signalé… On m’a promis une réaction.
  • Les pannes électriques ou autres peuvent vous priver de votre outil… Il faut s’adapter.
  • La non portabilité des ressources entre les différents systèmes.
  • Le fait, qu’à mon sens, l’enseignement doit en disposer en permanence. »

 

Comment procédez-vous pour construire vos cours, pour trouver de nouvelles idées d’activités ? Où allez-vous chercher de nouvelles ressources ?

« Vous devez savoir que nous utilisons des manuels qui répondent totalement à notre programme d’enseignement. Ils sont structurés en 4 parties : les activités de découverte, des questions pour favoriser la création d’une synthèse avec les élèves, les exercices et les exercices corrigés (que les élèves peuvent faire à domicile). Le manuel est à compléter par les élèves et accompagné d’un CD-Rom.

J’ai scanné le manuel (avec une photocopieuse, l’éditeur nous le permet). La photocopieuse fournit un fichier PDF que j’ai pu importer dans le Scrapbook (logiciel du TBI). Lors de chaque cours, j’enregistre ce que nous avons fait en classe et le met à disposition sur mon site. Cela permet aux élèves absents de disposer du cours rapidement.

Les activités sont donc extraites du manuel, il me reste alors à trouver des solutions pour les utiliser de manière interactive avec le TBI. Pour les constructions géométriques, j’utilise principalement GeoGebra (parfois Instrumenpoche). Je crée la plupart des animations lorsque je ne peux les trouver sur le net (sur le site de Daniel Mentrard ou celui de GeoGebra par exemple). Il m’arrive également de chercher des idées ailleurs que dans nos manuels : autres manuels, internet. J’utilise aussi Thot, un logiciel gratuit pour résoudre des équations du premier degré à un inconnue.
Enfin je scrute le net sans relâche à la recherche de nouvelles idées, logiciels… »

 

Comment est née l’idée du site MathTBI.be ?

MathTBI.be

« L’idée est née un peu avant réception du TBI en classe. Les objectifs de ce site sont multiples :

  • Permettre aux élèves de disposer des outils, cours, etc. à domicile.
  • Permettre aux élèves qui le souhaitent d’accéder à des exercices supplémentaires sur Internet (sur Labomep.net par exemple).
  • Partager les ressources glanées avec mes collègues.
  • Éviter aux novices de devoir passer du temps à chercher ici et là.

J’aimerais pouvoir aller plus loin en développant un site de remédiation comme Labomep pour le programme belge, en partageant des ressources pour d’autres matières. Ma compagne, professeur de sciences-géo, qui va recevoir un TBI en classe, devrait pouvoir m’y aider.

Je souhaiterais également que les éditeurs de manuels s’intéressent à ces projets… »

 

Auriez-vous des conseils à donner aux enseignants qui débutent avec le TBI ?

  1. « S’informer de ce qu’est un TBI et des possibilités qu’il offre avant l’achat.
  2. Comparer les différents produits du marché.
  3. Se demander si leur pratique pédagogique nécessite vraiment cet investissement. En effet, dans certains cas, le rétroprojecteur suffit amplement.
  4. Rencontrer des utilisateurs expérimentés et novices de la bête.
  5. Se former à son utilisation (en Communauté française, rien n’existe encore pour que les enseignant puissent se former à cet outil).
  6. Ne pas se décourager au début, la maladresse du débutant fait partie de l’apprentissage, le temps investi paraîtra important mais sera rentable pour la suite.
  7. Inviter les élèves à l’utiliser, consacrer du temps à les former à ces outils… Vous n’en serez pas déçu !
  8. Si au bout d’un an ou deux, vous l’utilisez toujours comme un tableau noir… Revenez au tableau noir, vous avez dû louper quelque chose ou plus simplement, le TBI n’est pas fait pour vous.
  9. Et enfin, il est essentiel de pouvoir en disposer en permanence. Par expérience, je sais qu’un matériel partagé est souvent sous utilisé, allez comprendre !!! Votre établissement peut très bien organiser les horaires pour que vous le partagiez à 2 collègues, tout en vous permettant de l’utiliser à plein temps. »

 

Le mot de la fin…

« Le TBI m’a permis de sortir d’une certaine routine, de rencontrer des collègues, des acteurs des TICE, de confronter nos méthodes, d’utiliser plus souvent des outils TICE.

D’autre part, le TBI n’est qu’un outil, pas la panacée pédagogique. Il se peut qu’il ne convienne pas à toutes et tous… Peu importe, l’essentiel est que vous l’utilisiez à bon escient, que cela vous motive, entraine vos élèves dans cet élan, améliore votre enseignement.

Enfin, je tiens à remercier ceux qui m’encouragent dans ma démarche et principalement ma compagne… »

 

Merci à Fabrice Huin d’avoir bien voulu répondre à nos questions. Découvrez vite son site consacré à l’enseignement des mathématiques avec le TBI : MathTBI.be.

Vous souhaitez faire partager votre expérience du TBI ? Contactez-nous et nous vous donnerons la parole dans un prochain article.

 

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9 commentaires pour “Témoignage : Fabrice, 41 ans, professeur de mathématiques et utilisateur du TBI

  1. Merci pour le partage. Sinon, j’aimerais également porter votre attention sur les avantages de l’utilisation des TBI dans les entreprises lors des formations ou présentations d’un projet ou autre :
    • améliorer la qualité de vos présentations
    • collaborer à distance, sans effort
    • garder une trace vivante des brainstormings…

  2. Bonjour
    Merci de votre partage d’expérience.
    Je me permets de vous écrire pour vous demander où je pourrais trouver
    une formation en tbi très complète et éventuellement avec informatique.
    J’enseigne le français aux étrangers et je me suis lancée dans le tbi sans
    avoir reçu une réelle formation mais je pense en avoir besoin.

    Merci de bien vouloir m’aider

    sincèrement

  3. Bonjour Monsieur Mentrard, vous ayant déjà contacté, vous savez que je suis admiratif de votre travail sous GeoGebra. 😉

    En ce qui me concerne, j’utilise le TBI comme un outil pédagogique ni plus ni moins, j’utilise encore le TN… Mais moins. Je ne suis pas gagné par les TICE. Par contre, je suis convaincu qu’une passerelle mettant à disposition les cours, les exercices vu en classe fait partie de l’avenir et est utile aux élèves. Le TBI facilite cela.
    Une construction réalisée sous IeP peut permettre à un élève de revoir la correction d’un exercice (étape par étape) et l’aider dans sa compréhension.

    Vous posez plusieurs questions :

    1) « paresse de l’esprit » ?

    Je ne le pense pas. Cet outil peut nous permettre d’envisager une autre présentation d’un problème. Ce n’est pas pour autant que l’on supprime l’analyse classique, l’argumentation.

    2) permettent- elles vraiment une appropriation des problèmes par les élèves ?

    Ce qui est certain, elles les motivent, ce n’est pas si mal pour un début !
    Le recours (voir plus haut) à IeP permet certainement une meilleure compréhension de certaines constructions : répétition de l’exécution ou son observation. En ce qui concerne GeoGebra, je pense qu’il permet d’aborder différemment les problèmes et sans doute de permettre à certains élèves de mieux appréhender les problèmes.
    Le TBI et le fait de présenter le même cours que le leur (par exemple), permet aux élèves de ce concentrer sur l’essentiel et ne pas perdre leur temps à chercher ce que l’ont fait (je donne cours au 1e degré…). Ne serait-ce qu’en cela, il facilite l’apprentissage.

    3) son efficacité n’a jamais fait l’objet pour le moment d’une évaluation poussée

    Il y en a peu mais elles existent ces études :

    http://www.education.gov.uk/research/data/uploadfiles/rr816.pdf
    – Une liste impressionnante d’articles (en anglais ) : http://www.keele.ac.uk/media/keeleuniversity/fachumsocsci/sclpppp/education/interactivewhiteboard/IAWResearch.pdf
    – Deux articles : http://www.agence-usages-tice.education.fr/que-dit-la-recherche/l%27usage-du-tbi-une-amelioration-des-resultats-des-eleves-42.htm et http://www.agence-usages-tice.education.fr/que-dit-la-recherche/l%27usage-du-tbi-formation-et-etapes-a-franchir-43.htm

    Pour conclure, le TBI est un outil… Il nécessite que l’on réfléchisse à son efficience par de tel débat constructif.
    J’ai réalisé une petite enquête auprès de mes élèves pour voir ce qu’il en pensait… J’en ai été surpris moi-même !

    http://revue.sesamath.net/spip.php?article299

    Je compte bien, avec l’aide d’un pédagogue, réaliser une enquête digne de ce nom. Merci de m’avoir lu et encore bravo pour vos contributions.

  4. DE L’USAGE RAISONNE DES TICE (ou des TIC)

    La leçon de mathématiques avec l’usage des TICE introduit un côté ou plutôt une perspective expérimentale dans les Mathématiques comme il en existe déjà dans les Sciences: c’est la démarche d’investigation par laquelle est incluse une démarche expérimentale .

    Mais justement ce caractère expérimental (ou conjecture ) pourrait-on dire en Mathématiques) n’est il pas propice à une paresse de l’esprit loin de la rigueur de la démonstration et de l’argumentation mathématique. Autre problème: ces manipulations interactives permettent- elles vraiment une appropriation des problèmes par les élèves ( c’est la grande mode ,actuellement, de la situation problème ,servie à toutes les sauces) ? Par contre, j’y vois surtout et souvent des compétences informatiques à valider en dehors du contexte scientifique et loin d’une acquisation des outils et des compétences mathématiques. N’y laisse t’on pas ,aussi, beaucoup de rigueur scientifique et de savoirs procéduraux ,certes répétitifs, mais encore nécessaires pour l’appropriation des acquis.

    Enfin qu’apporte réellement une séance avec usage des TICE (avec ou sans TBI) par rapport à une séance classique au « tableau noir « en termes de contenus, de savoirs et d’acquisitions futures pour nos élèves . Peut on vraiment évaluer, à ce jour, l’impact réel des TICE sur l’évolution des connaissances de nos élèves . Si l’usage des TICE est maintenant ancré dans les pratiques pédagogiques , son efficacité n’a jamais fait l’objet pour le moment d’une évaluation poussée, d’une comparaison raisonnable ou d’un diagnostic éminent.

    Je suis, pourtant , un fervent partisan de la bonne intégration des TICE dans nos enseignements. Je suis profondément convaincu par la nécessité et même par l’obligation d’utiliser les TICE. Mais , mais … ! En alternance avec d’autres processus d’apprentissage. Une séance Tice est un autre moyen d’acquisition de connaissances et de compétences mais ce n’est pas le seul et surtout les TICE n’ont pas le privilège, ni la capacité de pouvoir résoudre les problèmes de l’enseignement des Mathématiques et des autres disciplines à elles toutes seules.

    En clair, il n’existe pas de méthodes prédominantes l’une sur l’autre , chacune ayant ses avantages et ses inconvénients ; alors, profitons de cette coexistence de moyens, utilisons tous les supports et les processus nouveaux ou  » traditionnels  » possibles. Ne crions pas aux loups sur les méthodes pédagogiques « traditionnelles » ,ce serait renier celles là ,mêmes, qui nous permettent d’atteindre le niveau de réflexion, actuel . La société évolue hélas souvent en passant d’un extrême à l’autre, balayant d’un revers de main des idées anciennes, en occultant tout ce qu’elles ont apportées de positif, au profit d’autres qui promettent monts et merveilles. L’histoire montre que ce genre d’attitude conduit généralement à d’amères désillusions et nous maintient en va et vient perpétuel entre un excès et son contraire. Soyons reconnaissant envers l’enseignement « traditionnel » qui a fait ses preuves et demeure essentiel . Par contre ,privilégier une voie plus qu’une autre est certainement une erreur impardonnable . Aussi ,seule la diversité des moyens et des méthodes pourra certainement apporter des solutions dans l’évolution des connaissances ,des compétences et des savoir-faire de nos élèves.
    MD

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